Un rapport parlementaire appelle à une réforme en profondeur de l'épargne réglementée en France. L'objectif affiché : plus de clarté, d'efficacité et d'efficience pour protéger le pouvoir d'achat des Français face à l'inflation.
Un maquis de livrets à simplifier
Selon les auteurs du rapport, le paysage de l'épargne réglementée est devenu un véritable "maquis", avec une multitude de livrets allant du Livret A au livret d'épargne d'entreprise, en passant par le LDDS et le LEP. Cette diversité, bien que large, ne favorise pas toujours les choix les plus judicieux pour les épargnants, notamment les plus modestes.
Un exemple frappant : le Livret d'épargne populaire (LEP).
- Mieux rémunéré que le Livret A, le LEP est pourtant sous-utilisé : 40 % des Français éligibles n’en disposent pas, préférant le Livret A moins avantageux.
- Cette situation s'expliquerait par un manque de conseil bancaire approprié. "Les banques ne dirigent pas suffisamment l'épargne des Français les plus modestes vers les meilleurs placements réglementaires, alors qu'elles assument une mission d'intérêt général", souligne François Jolivet.
L'érosion monétaire : un risque sous-estimé
Le rapport pointe également un manque d'information sur l'érosion monétaire qui affecte le Livret A. Jean-Philippe Tanguy déclare : "L'érosion monétaire est certaine, car la formule de calcul de l’intérêt ne protège plus de l'inflation".
Qu'est-ce que l'érosion monétaire ?
- C'est la perte de valeur de l'argent au fil du temps, liée à l'inflation. Même si le capital est préservé en valeur nominale, son pouvoir d'achat diminue.
- Selon le rapport, cette érosion aurait coûté 300 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français entre 2020 et 2023.
- Les auteurs du rapport estiment que les banques ne sensibilisent pas suffisamment les épargnants sur ce phénomène. "Des épargnants de bonne foi pensent que leur épargne est protégée alors qu'elle ne l'est qu'en apparence", déclare Jean-Philippe Tanguy.
La réponse de la Fédération bancaire française (FBF)
Interrogée sur le sujet, la Fédération bancaire française (FBF) a tenu à défendre le rôle des banques. Selon elle, les établissements veillent à recommander des placements dans l'intérêt des clients : "La France propose une offre unique en matière d'épargne réglementée, avec des produits liquides, garantis, non fiscalisés et à rendement positif, comme le Livret A, le LDDS et le LEP".
La FBF rappelle également que "le taux d'intérêt moyen sur les dépôts d'épargne en France s'établit à 2,1 %, soit 0,6 point de plus que la moyenne de la zone euro et trois fois plus que celui de l'Allemagne".
Quelles perspectives pour l'avenir ?
Le rapport parlementaire relance le débat sur l'avenir de l'épargne réglementée. Une réforme pourrait simplifier l'offre, mieux orienter l'épargne populaire et renforcer l'information sur les risques de l'inflation. Les prochains mois pourraient être décisifs, alors que l'inflation continue de grignoter le pouvoir d'achat des épargnants français.
Les députés Tanguy et Jolivet appellent ainsi à une meilleure transparence des banques et à un recentrage des livrets vers les produits les plus performants, afin de protéger au mieux les intérêts des Français.